Comment démarrer sa pratique privée en tant que psychologue

Démarrer ma pratique privée a été une étape riche et passionnante de mon parcours.

Tôt dans ma formation, je me suis sentie attirée par le travail autonome et les libertés qu’il permet, mais aussi intimidée par les responsabilités et les défis qu’il implique.

Pour établir une pratique privée et m’y sentir bien, j’ai dû découper ce projet en étapes, cibler mes priorités et me donner le droit de me tromper et de me réajuster.

Cet article vise à approfondir les étapes pour vous accompagner si vous songez à vous lancer dans cette aventure. C'est l'article que j'aurais aimé lire à l'époque!

1. Trouver le bureau idéal pour accueillir ses clients

Choisissez les modalités de consultation que vous souhaitez offrir. Souhaitez-vous pratiquer exclusivement en présentiel, en visioconférence, ou avoir une pratique hybride?

La télépratique permet une plus grande flexibilité quant au lieu de pratique, mais elle vient avec ses propres défis.

Pour trouver un espace dans lequel vous vous sentirez bien, parcourez les annonces de bureaux à louer et parlez de votre démarche aux gens que vous connaissez. Prêtez attention à ce qui a une valeur ajoutée pour vous, même si ça ne faisait pas partie de vos premiers critères. Par exemple :

• L’accès à un stationnement pour vos clients
• L’accès à une salle de repos
• La proximité d’endroits agréables pour prendre vos pauses dans le quartier

Pour éviter les mauvaises surprises, n’oubliez pas de demander s’il y a des frais supplémentaires au loyer mensuel, comme des frais de ménage ou des taxes. Certaines cliniques exigent par exemple un pourcentage à payer sur les paiements faits par les clients, généralement entre 30 et 50%, qui couvrent en partie ou en totalité ces frais.

Au-delà de l’espace de pratique, pensez à un mobilier qui permet suffisamment de confort pour vos patients et vous. Vous pouvez ajouter une touche personnelle en choisissant une couleur particulière, comme une teinte chaleureuse ou accueillante. Pour diminuer les frais, vous pourriez également donner une seconde vie à des meubles que vous aviez déjà ou que vous trouvez dans une vente de meubles usagés!

2. Fixer ses honoraires professionnels

Fixer vos honoraires et votre politique d’annulation est une étape essentielle. La latitude laissée aux professionnels pour déterminer leur taux horaire peut rendre cet exercice complexe.

L’Ordre des psychologues du Québec (OPQ) offre cependant une fourchette de tarifs provenant d’un sondage réalisé en 2023 auprès de ses membres, qui irait de 120$ à 180$ pour une séance de 50 minutes de psychothérapie.

Pensez d’une part à ce qui caractérise votre offre de services :

• Le type de traitement
• Vos années d’expérience
• Vos spécialisations
• La région où vous souhaitez pratiquer

Il faut aussi considérer vos dépenses prévisibles comme les impôts, les cotisations aux RRQ et RQAP, une assurance-emploi si désirée, les dépenses d’entreprise, etc.

Toutes ces informations peuvent paraître intimidantes. Une collègue me rappelait récemment qu’une démarche qui nous avait aidées au départ était de questionner quelques professionnels qui pratiquaient déjà sur leurs honoraires. Ça peut aider à préciser la fourchette des honoraires fixés dans votre région!

3. Ouvrir ses premiers dossiers

Le moment viendra où vous sentirez que même si tout n’est pas parfait, vous êtes suffisamment prêt.e pour accepter les premières demandes.

Des logiciels simples d’utilisation permettent de faire sa tenue de dossiers et sa gestion financière en ligne. Plusieurs offrent la possibilité de les tester gratuitement, ce qui peut vous permettre de comparer leurs fonctionnalités, leur coût et de décider lequel convient le mieux à vos besoins. Personnellement, j’ai choisi d’utiliser Psylio après quelques mois de pratique privée, et la plateforme me fait sauver un temps considérable au quotidien!

Dans les peurs qui m’habitaient tout juste avant de commencer, il y a eu celle de n’avoir aucune demande. Les services de référence (p. ex., celui de l’OPQ, Jade, etc.) m’ont rassurée à ce moment, mais informer vos nouveaux collègues en pratique privée de la date à partir de laquelle vous acceptez les références peut aussi être une bonne porte d’entrée.

Pour un démarrage en douceur, n’acceptez pas plus de trois ou quatre demandes à la fois, ou planifiez les débuts de suivi à une ou deux semaines d’intervalle. Cela vous aidera à être plus dégagé.e dans vos évaluations initiales et votre comptabilité, mais aussi à garder du temps pour vous, une bonne pratique à mettre en place dès le départ.

4. Organiser ses journées

Une des grandes libertés du travail autonome concerne l’horaire de travail. Souhaitez-vous travailler davantage le matin ou en soirée? De combien de temps avez-vous besoin entre deux séances? Y a-t-il des moments de la journée que vous aimeriez garder pour d’autres occupations ou projets?

Fixer un moment hebdomadaire où vous ferez votre comptabilité permet de rester à jour dans vos revenus et dépenses professionnels, d’optimiser votre temps et d’arriver mieux préparé.e à la période des impôts.

5. Développer son réseau

L’isolement professionnel peut alourdir bien des défis. Pour vous en prémunir, choisissez des moyens qui vous permettront d’échanger, de ventiler et de décrocher entre les séances.

Voici quelques suggestions :

• Partagez votre espace de bureau avec des collègues.
• Louez un bureau dans un endroit où d’autres intervenants travaillent déjà.
• Allez en supervision.
• Trouvez des communautés en ligne où les professionnels échangent sur leur pratique.
• Démarrez un groupe de codéveloppement ou joignez-vous à un qui existe déjà.

6. S’accorder le droit de se tromper et de se réajuster

Vous ne pourrez pas tout planifier avant de vous lancer. Malgré cette liste, vous risquez de ne pas penser à tout. Faites-vous confiance et rappelez-vous qu’après tout le chemin parcouru, vous avez ce qu’il faut pour mener à terme ce nouveau projet!

Démarrer une pratique privée en psychologie est un projet stimulant, mais exigeant. En suivant les étapes décrites dans l’article, en vous entourant de ressources fiables comme un réseau d'autres psychologues en pratique privée, vous serez sur la bonne voie pour bâtir une pratique épanouissante et durable.

À propos de l’auteur

Annie Ferland

Psychologue, D. Ps.

Annie est spécialiste clinique pour Optania. À ce titre, elle apporte une connaissance approfondie et une rigueur supplémentaire au contenu produit par l’équipe. Elle se distingue par le souci qu’elle porte aux enjeux éthiques et déontologiques propres à la santé mentale et à la profession d’aidant-e. Son implication témoigne de son engagement dans ce domaine et de sa volonté de rendre accessible des outils de qualité à un large public.

Psychologue clinicienne depuis cinq ans, Annie pratique la psychothérapie auprès d’une clientèle adulte. Ses champs de pratique comprennent entre autres les troubles anxieux et de l’humeur, les impacts des traumatismes sur le fonctionnement global et les enjeux d’attachement.

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